Ali Bouderbala a réussi. Marocain, il a fait ses études supérieures en France et est devenu un brillant ingénieur informaticien. Il a un passeport français et
fabrique des missiles pour Dassault.
Le Maroc? Les marocains ? Tout ça c'est très loin pour lui, il est parisien maintenant.
Il emménage avec Malika, “beurrette” elle a grandi dans un HLM dans le 11ème arrondissement de Paris. Elle aussi a réussi: elle est institutrice par vocation, attachée aux valeurs
de la République.
Tout va bien et vive la France, jusqu'au jour où Ali se voit mis à l'écart d'un projet qu'il chapeautait depuis plusieurs mois, sans aucune justification.
Il est blessé à vif et cherche une explication. Est-ce à cause de son nom ? Il est ramené malgré lui à son "identité" et commence alors une quête douloureuse : comment
continuer à vivre en tant que français quand on se fait virer en tant qu'arabe ? Tout tremble. Tout ce qui était évident ne l'est plus: l'amour, l'amitié, la famille, la langue
que l'on parle, la cuisine que l'on mange. Malika est-elle "vide à l'intérieur", une "désintégrée ? Son amie Claire est-elle trop libre ? Brahim le cousin pieux a-t-il raison de
quitter l'Europe pour Dubaï et son capitalisme halal ? Ali a mal. Il va jusqu'à surfer sur les sites djihadistes pendant des nuits entières. Malika retourne à sa collocation
parisienne avec Claire. On espère qu'Ali finira à Casablanca plutôt qu'à Damas. L'histoire ne nous le dit pas, il a disparu, comme tous les héros de Fouad Laroui qui réussit à
préserver au théâtre son style voltairien et cet équilibre entre humour, gravité et émotion.